La réforme des retraites voulue et portée par Emmanuel MACRON fait couler beaucoup d’encre et est une occasion rêvée, pour les syndicats, de se refaire une santé. La mobilisation est d’autant plus forte que ce dossier est un modèle d’impréparation, d’hésitation, voir d’amateurisme… Il ne se passe pas une semaine sans que les membres du gouvernement se contredisent, hésitent, fassent volte face. Jusqu’au 10 décembre, personne ne savait vraiment qu’elle était la teneur de cette réforme au delà de la volonté de passer à un système à point et de supprimer les régimes spéciaux. Comme le disait Martine AUBRY, « quand c’est flou c’est qu’il y a un loup » , rien de mieux donc pour instaurer une défiance forte vis à vis de cette réforme.
Sur le fond, que les choses soient dites, je suis très favorable à une réforme en profondeur de notre système des retraites. Compte tenu de l’augmentation continue de l’espérance de vie, il n’est pas sérieux de partir à 62 ans, alors que nos voisins européens partent, en moyenne à 65,5 ans. Oui nous ne ferons pas l’économie de repousser à 64 ans l’âge de départ ! Par ailleurs, il y a urgence à supprimer les régimes spéciaux qui sont d’une totale injustice… pourquoi un chemineau, un agent d’EDF ou de la RATP devrait-il partir à la retraite à 55 ans ? Rien ne le justifie…
Au delà de ces 2 mesures, il faut naturellement tenir compte des carrières longues et des professions à risque ou particulièrement pénibles. Il est justice qu’une personne ayant commencée à travailler à 14 ans parte 10 ans plus tôt que celle qui a commencée à 24 ans.
Cependant, ce qui me gène le plus dans ce dossier est que l’on ne dise pas la vérité aux français. On ne donne pas le sens de cette réforme que le gouvernement traite comme un dossier technique alors que son fondement est sociétal ! Lors de la mise en place de notre système par répartition en 1946, la France comptait 5 cotisants pour 1 retraité. Aujourd’hui nous avons 1,7 cotisant pour 1 retraité et dans 10 ans nous serons à 1 pour 1… le problème de fond est donc démographique. Pour que ce système fonctionne, il faut une démographie soutenue afin que les actifs financent les retraites. Que propose le gouvernement dans ce sens, rien. Au contraire, tout est fait, depuis François HOLLANDE pour fragiliser les familles et rogner tous les éléments de la politique familiale (et donc nataliste) qui a pourtant fait ses preuves depuis les années 50. Avec 1,7 enfants par femme, la France n’est plus en mesure d’assurer, sur la durée, un système par répartition. Soit on bascule vers un système par capitalisation, soit on relance la démographie.
Au lieu de relancer la natalité, et ainsi permettre le renouvellement de la population (d’autant plus nécessaire que l’on vit plus vieux) et donc avoir plus d’actifs à terme, que propose Jean-Paul DELEVOYE dans une interview récente : Rajeunir nos pays européens par l’immigration à concurrence de 50 millions de nouveaux venus….
Il y a donc urgence à ce que le Président de la République redonne un sens et une vision à sa réforme s’il veut que les Français y adhèrent. Le temps est grandement venue de dire la vérité aux Français en faisant preuve de pédagogie et de bon sens… au lieu de les noyer dans des mesures techniques, paramétriques ou systémiques auxquelles personne ne comprend rien.