Pour ce nouvel article, je souhaite porter à votre connaissance l’interview de Bérénice LEVET, philosophe et essayiste, donné à Valeurs Actuelles dans son N° 4187 du 23 Février 2017.
C’est une analyse parfaite du phénomène Macron qu’il me semble essentiel de porter à la connaissance du plus grand nombre… on ne pourra pas dire je ne savais pas !
« Le pays de d’Estienne d’Orves et de Danielle Casanova réduit à ne plus être qu’une vague Californie. » C’est en ces termes que l’écrivain Dominique de Roux résumait, dans son pamphlet, le programme de Jean-Jacques Servan-Schreiber, qui s’imaginait un destin présidentiel, au début des années 1970. Que diriez-vous de celui d’Emmanuel Macron ?
En quoi ce mot d’“adaptation” est-il « redoutable » ?
Il signe la reddition avec ce que nous sommes, avec les exceptions françaises. Notre résistance, par exemple, à la “ferme des mille vaches” au nom d’une certaine idée de l’agriculture, quels que soient les bénéfices économiques, la “rentabilité” ! Emmanuel Macron cite René Char, mais il désarme tout esprit de résistance. Hannah Arendt parlait d’une « dégradante obligation d’être de son temps ».
Être adapté à la marche du monde, exhorte M. Macron, c’est-à-dire à l’ultralibéralisme économique — l’ubérisation de tous les secteurs d’activité est son projet —, mais non moins à l’ultralibéralisme dans le domaine des moeurs. La France sera parfaitement “adaptée” lorsqu’elle aura libéralisé la GPA et autorisé la PMA pour tous, lorsque l’école ne sera plus du tout une école des savoirs — qui sont autant d’entraves à la maniabilité, à la flexibilité — mais, docile aux injonctions de l’OCDE et de son test Pisa, des “compétences”.
Adaptation parfaite enfin lorsque la France sera définitivement convertie au multiculturalisme, lorsqu’elle ne sera plus qu’une mosaïque de communautés vivant les unes à côté des autres, chacune selon ses moeurs, son calendrier et sous l’autorité, pour les unes, des salafistes et des Frères musulmans. Les moeurs françaises, la religion catholique, ne seront plus que des composantes parmi d’autres d’un pays qu’on continuera, par pur nominalisme, d’appeler la France. L’identité française s’épuiserait dans la reconnaissance des droits de l’individu, et, bien entendu, de ses crimes !
Que répondez-vous à celui qui assure : « Il n’y a pas de culture française. Il y a une culture en France. Elle est diverse. »
Emmanuel Macron, en bon progressiste, a programmé l’obsolescence de la nation française, de nos moeurs, de notre culture qui, de toute façon, n’existerait pas pour le candidat à la présidence de la République qu’on dit encore française. On croyait savoir qu’il avait suivi des cours de théâtre dispensés par celle qui devait devenir son épouse, ne sait-il donc rien de la spiritualité de Molière ? N’a-t-il jamais goûté la langue de Racine ?
Comment définiriez-vous sa vision de la France ?
Emmanuel Macron n’est neuf, nouveau que par son âge, pour le reste il parachève le processus de destruction de la France. Il entend présider aux destinées de la nation, mais il ne la prend pas au sérieux. Sa vision du monde est purement économique, la France est une start-up à faire prospérer. Ne nous laissons pas duper : c’est en touriste qu’il se réfère à Jeanne d’Arc, le passé ne l’oblige à rien. Il est résolu au contraire à couper les fils qui nous y relient encore, où il ne voit que des chaînes.